C'est-à-dire que l'on se passerait bien d'élégies sur Mary Pierce quand celle-ci se fait admirablement tordre par une Chinoise en phase ascendante. Il y a un malaise inhérent à la France en ce qui concerne son tennis en général : on modifie allègrement les diffusions en vertu de nos joueurs (au demeurant pas toujours agréables à voir jouer), ce au détriment d'autres rencontres qui en apparence sont plus alléchantes. Pas plus tard qu'hier nous avons eu droit à un Nadal-Moodie tronqué par un Gasquet hésitant, accroché de façon imprévisible par le ténébreux Chiudinelli. Ce soir, nous ne verrons pas beaucoup de Roddick-Becker parce que de nombreuses françaises jouent en même temps que cette partie. Non pas que je sois contre un nationalisme sportif, seulement j'aimerais de temps en temps davantage d'impartialité en sachant éperduement que mesdemoiselles Razzano et Rezaï risquent d'avoir un peu de mal, même si Aravane joue à 17h sur notre fuseau. Je ne parle même pas de Golovin qui risque de s'attarder en échanges interminables contre une Chakvetadze tout ce qu'il y a de plus ennuyeux, ceci dans la perspective de nous priver d'un duel qui s'annonce magnifique entre Roddick et Becker. Et que l'on soit privé de ces rencontres françaises n'est pas grave en soi puisque nous retrouverons assurément les vainqueurs au tour suivant, lequel tour donnerait à la programmation le loisir de ne rien prohiber au téléspectateur esthète. Notons que si les Français s'égarent ce soir en défaite, c'est qu'ils auront livré une partie douteuse, cahotante, en somme une partie qui ne valait pas qu'on s'y attarde.
Ces désagréments subtils, nous les avons déjà remarqués de nombreuses fois à Roland-Garros où le constat suivant peut être fait : les premiers tours privilégient les joueurs français, quels qu'ils soient, y compris s'ils titillent les premières séries aux classements régionaux. Pour voir un joueur atypique, dont le jeu est attractif (je pense à Wayne Arthurs, Ivo Karlovic, Max Mirnyi, Feliciano Lopez etc.) il faut nécessairement que lesdits joueurs affrontent un Français ou soient classés dans les deux premiers à l'ATP. Même Ivan Ljubicic, qui procure des matchs jouissifs par ses aces ainsi qu'une panoplie de coups impressionnante, n'a bénéficié d'une diffusion valable qu'à partir des quarts de finale où il rencontrait, ironie du sort, un Julien Benneteau parvenu là un peu par hasard, logiquement battu devant la surprise de commentateurs qui semblaient dénigrer Ljubicic ostensiblement. Devant ces attitudes mesquines, nous ne pouvons que souhaiter la défaite de nos compatriotes qui, parfois, peinent terriblement à produire un jeu digne de ce nom. Les Grosjean, Mathieu, Clément et autres Santoro sont réellement laxatifs, longs à conclure, ce qui paradoxalement je l'espère ne leur est pas inversé durant les moments intimes de leurs existences respectives.
Ivan Mestrovic, mécontent d'un excès de chauvinisme croissant.